Pas d'édition au printemps 2016, rendez vous en octobre pour une sortie nocture "Lambele"

mardi 13 septembre 2011

Pierre : mon premier ULTRA ...

Les Houches, jeudi 25 août 2011, il est 4h45 du matin lorsque le réveil sonne : très bien dormi. Petit déjeuner copieux en chambre, derniers réglages du sac à dos (ne pas oublier les bâtons) puis direction avec Eugène le centre de Chamonix pour y prendre le bus vers 6h00. Nous passons en car sous le Mont-Blanc par le tunnel et nous voilà déjà en Italie et plus précisément à Courmayeur où est prévu le départ de la TDS (Sur les Traces des Ducs de Savoie, une des courses de « The North Face Ultra Trail du Mont Blanc » reliant Courmayeur à Chamonix) : 112km et 7100m + et -. Nous y retrouvons Éliane et Christian : l’Outre-Forêt est au complet, petite séance photos sous le soleil et sourires jusqu’aux oreilles.

Le départ ...
8h45 : 1200 personnes au départ surplombées par le vol stationnaire d’un l’hélicoptère de la télé, briefing complet suivi de la Marseillaise et le l’hymne national italien. 9h00 c’est enfin parti !

Montée du Col de Youlaz
2 km en footing dans les rues de Courmayeur encouragés par de nombreux badauds puis déjà la première montée direction le Col de la Youlaz à presque 2700m d’altitude soit 1500m de dénivelé positif à gravir en 9km : petit train de coureurs, ou plutôt de marcheurs, pour une montée régulière sauf la dernière partie où le pourcentage se fait plus important.





Col de Youlaz
Passé le sommet, commence une première descente très linéaire de 10km à travers les alpages et les troupeaux de vaches jusqu’au premier ravitaillement à la Thuile. Tout est encore OK. J’y aperçois Eliane qui suit Christian grâce aux bus affrétés par l’organisation. Arrêt d’environ 20mn pour manger un peu de tout et pour faire le plein d’eau. Au menu des 10 prochains km : montée avec 700m en positif.
Descente Thuile
Je repars en marchant car j’ai énormément de mal à digérer et des crampes d’estomac. Il est midi passé et le soleil tape ce qui n’arrange rien à l’affaire qui semble bien mal engagée. Je songe à l’abandon mais continue à marcher sous un soleil de plomb. J’arrive enfin au Col du Petit Saint Bernard qui n’a rien de « petit » et change de tactique pour les ravitaillements : uniquement comme alimentation de la soupe aux vermicelles et rien d’autre.
Col petit Saint Bernard
 Elle passe bien, le moral revient et la longue descente de 15km vers Bourg Saint Maurice s’effectue sans encombre sur un bon rythme régulier. Dans la vallée, la chaleur est harassante. Enfin le ravitaillement après 44km de course. Une petite surprise nous y attend : outre le contrôle d’une partie du matériel obligatoire, nous apprenons que, suite à l’alerte orages pour les prochaines heures, nous empruntons jusqu’au prochain ravitaillement un itinéraire bis montant moins haut mais faisant 8km de plus ce qui fait 25km au lieu de 17. Je reprends, la poche à eau remplie au maximum. A peine sorti de la ville, la montée devient extrêmement raide pendant 6km avec 1000m+ puis la descente dans la vallée s’effectue sur une route goudronnée : je marche souvent, l’itinéraire bis et la lassitude commencent à faire leur effet. Ensuite interminable montée en marche nordique le long de la route sinueuse  sous le soleil : je bois et bois encore. C’est sans fin, aucune habitation à l’horizon, je suis à cours d’eau, la réverbération de la chaleur sur le bitume est terrible, je suis proche de la déshydratation et le prochain ravitaillement n’est de loin pas encore atteint. Les minutes sont interminables.
Oh la vache !
Miracle, l’itinéraire nous faire bifurquer de la route vers un petit hameau : là, j’interpelle deux jeunes filles qui s’empressent et courent chercher de l’eau : je bois presque 1 litre d’un coup et remplis la poche à eau. C’est reparti ! Les derniers kilomètres, à nouveau sur la route, se font sur un rythme plus rapide : me voilà au Cormet de Roselend à presque 2000m, à nouveau sur l’itinéraire initial. Un peu de soupe, j’ai « déjà » avalé 69km. Il est 20h00 passé, la nuit ne va pas tarder : je sors la frontale. Je suis revigoré, la température baisse et le moral est en hausse. J’attaque une petite montée jusqu’au Col de la Sauce puis une descente de 5km qu’au hameau de la Gîte. Un petit groupe de 4 personnes s’est formé, on a un très bon rythme : je reste vigilant car la descente est une succession de dévers, cailloux, petits rochers. C’est une partie sauvage, je devine une superbe gorge en contrebas, dommage que cette partie soit effectuée de nuit. Ensuite grosse montée vers le col de la Gîte qui se passe très bien ; puis succession de petites montées et descentes raides. Je marche, puis trottine, puis marche à nouveau en pleine nuit étoilée. De temps en temps je croise d’autres coureurs ; le plus souvent je suis seul sur les crêtes acérées du Beaufortain. Je tourne souvent la tête pour essayer d’apercevoir les lueurs des frontales. Il est 1h00 du matin, le col du Joly à 2000m d’altitude est en vue : pour les 500 derniers mètres je suis accompagné par un jeune couple venu de la vallée pour soutenir les coureurs. Il y a pas mal de vent. A peine arrivé sous la tente, un médecin s’approche et me demande si tout va bien. Je lui réponds que tout est ok. 
Descente Bourg Saint Maurice
Elle me conseille de bien m’hydrater et c’est ce que je m’empresse de faire. C’est ainsi qu’au lieu de boire mon habituelle soupe de vermicelles, je décide de commencer par un verre d’eau pétillante. Qu’est ce que j’ai fait là ! ! ! L’eau est glacée, la réaction est immédiate : la première gorgée à peine dans l’estomac que je pique un sprint hors de la tente et je vomis l’ensemble des mes repas et boissons. Cependant, je ne me sens pas mal, je peux ingurgiter ma traditionnelle soupe de vermicelles et c’est reparti doucement pour une descente raide et très technique de 9km pour 900m-. Au fur et à mesure mon rythme s’accélère et hop je suis aux Contamines pour faire des réserves avant la dernière grosse montée : plus de 1100m de dénivelé positif. Il est 3h00 du matin, j’entame la 1ère partie qui est très progressive avec un excellent moral. Le chemin est large, je monte de concert avec un autre coureur, nous nous alternons en tête. Pour la 2ème partie du Col c’est une autre histoire : les organisateurs ont installé un énorme « phare » au sommet : je vois, grâce à la lueur des frontales, les participants devant moi monter tout droit dans la pente pour ces derniers 500m de dénivelés positifs. Je m’y engage, j’aperçois le panneau indicatif du « Club Vosgien » local que le sommet est à 2h de marche ! Effectivement le pente se raidit fortement et il n’y a surtout aucun moment de répit. La pente s’accentue toujours d’avantage. Je rejoins tant bien que mal un groupe de 3 coureurs. Je dois rester accroché et surtout ne pas m’arrêter sinon je ne passerai jamais : un coureur décroche, puis un deuxième, c’est la pente la plus raide que je n’ai jamais gravi ! L’horloge tourne, les minutes deviennent interminables et la source lumineuse ne semble pas se rapprocher. La pente devient enfin un peu plus douce vers le sommet : ça y est, la dernière grosse difficulté est dernière nous et les 100km de course sont dépassés. La petite descente qui suit est assez raide, j’alterne marche et trottine. Il est 5h00 passé, il fait encore sombre. J’entends le bruissement d’un torrent : je devine la langue du glacier du Bionnassay que nous traversons sur une longue passerelle.

Passerelle glacier Bionnassay
Puis c’est une succession de mini montées et descentes sur environ 3km qui débouchent sur Bellevue à environ 1750m d’altitude. Le jour commence tout doucement à se lever et il me reste encore une dernière forte descente (750m- en 6km) pour arriver au dernier ravitaillement aux Houches. Je semble étonnamment frais, tous les voyants sont au vert : je décide de faire la descente. Seule une petite pose technique brise mon élan et déjà je pique sur les Houches. Encore quelques lacets et hop voici la tente et les bénévoles. Dernière soupe, dernier remplissage de la poche à eau. Il fait maintenant clair, je range la frontale. En avance sur l’ensemble de mes prévisions, même les plus optimistes, je prends le temps pour discuter quelques mots avec les bénévoles. Il reste 8 km de sous bois jusqu’à Chamonix le long de la rivière. C’est reparti. Pour profiter pleinement de ces derniers kilomètres, je décide de ne pas forcer et opte pour la marche nordique. Le panneau « Chamonix Mont-Blanc » est derrière moi , il est 8h00 passé. Il n’y a pas foule dans les rues mais les quelques applaudissements semblent sincères. Le dernier virage est en vue, je me remets à courir. Virage à gauche et me voici après 50m passant sous l’arche d’arrivée ! Fatigué, soulagé et heureux d’avoir passé la ligne sans pépins tout comme le feront Christian et Eugène.
Ma dernière pensée sera tournée et vers ceux qui nous ont permis de « vivre » ce long moment, en particulier l’ensemble des bénévoles sans quoi rien n’est possible, et vers tous les amicaux soutiens reçus pour cette occasion.


Pierre 





1 commentaire:

  1. Félicitations pour ta grande performance sur le TDS à Chamonix, ainsi que pour ce super reportage avec les photos.
    Salutations amicales,
    Daniel

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